Charles Martinet, Su Zeynep Cizem, Jared Perlo, Jérôme Barbier
L'intelligence artificielle (IA) constitue l'un des enjeux les plus urgents de notre époque, et ses capacités en constante évolution promettent de révolutionner presque tous les aspects de nos vies. Cependant, les lois, réglementations et cadres politiques actuels, particulièrement au niveau international, sont insuffisants pour encadrer et façonner la conception, le déploiement et les impacts de cette technologie de pointe. L'ampleur et la complexité de ce défi de gouvernance ne feront qu'augmenter dans les années à venir, à mesure que les systèmes d'IA deviendront plus puissants et plus largement déployés.
Parmi les initiatives de gouvernance existantes, de nombreux mécanismes internationaux actuels sont trop lents, fragmentés et incomplets pour faire face aux risques posés par des systèmes d'IA de plus en plus performants. Ces dispositifs internationaux se chevauchent souvent dans leurs mandats, laissent des lacunes critiques sur des questions clés, ou manquent des mécanismes d'application nécessaires pour une supervision efficace. En conséquence, la communauté internationale doit renforcer les mécanismes actuels de gouvernance de l'IA et établir de nouvelles structures là où cela s'avère nécessaire. Ce travail doit commencer dès maintenant, avant que le rythme du développement de l'IA ne dépasse notre capacité collective de gouvernance.
Ce rapport propose un programme ciblé pour remédier aux lacunes actuelles et renforcer la gouvernance mondiale de l'IA. Nous identifions neuf domaines d'action prioritaires, structurés autour de Quatre Piliers pour une Gouvernance Mondiale Efficace de l'IA. Certaines de nos recommandations sont ambitieuses et nécessiteront une coopération politique et technique soutenue ; d'autres appellent à des actions à court terme réalisables avec une coordination limitée. Ensemble, elles offrent une feuille de route pour garantir que le développement de l'IA reste aligné sur les intérêts de la société, et que des mesures de sécurité soient mises en place avant, et non après, l'émergence d'une crise.